Après s’être démenée pour scolariser sa fille Lisette dans une classe ordinaire, Christine Dufour a fondé l’asbl « On souffle dans ton dos » afin d’aider des enfants en situation de handicap à pouvoir vivre, comme sa fille, l’inclusion scolaire. Quatre ans après sa création, l’association compte une soixantaine de bénévoles qui accompagnent soixante enfants en Belgique.
Rencontre avec Christine Dufour qui ose croire qu’une société inclusive est plus qu’un doux rêve.
Comment l’asbl « On souffle dans ton dos » est-elle née ?
La création de cette asbl était en quelque sorte une nécessité lorsque je me suis retrouvée « face au mur » avec ma fille cadette « extra–ordinaire ». Lisette est porteuse d’une mutation génétique rare qui provoque des troubles autistiques, une déficience intellectuelle et un retard de développement.
Depuis ses 3 ans, Lisette est scolarisée dans l’enseignement ordinaire. Mais je me suis vite rendue compte qu’il était primordial de mettre en place quelque chose qui pourrait l’aider et la soutenir dans ses apprentissages à l’école. L’institutrice était aussi un peu frustrée de ne pouvoir encadrer Lisette comme elle le souhaitait. J’ai alors cherché une personne qui désirait donner ½ journée par semaine pour accompagner ma fille à l’école et ainsi l’aider dans la compréhension des consignes, dans l’adaptation des activités, et dans son autonomie. Une personne retraitée s’est présentée et a accepté d’accompagner ma fille à l’école. Cela s’est avéré une aide réelle pour Lisette et pour l’institutrice. C’est à ce moment-là que j’ai créé l’asbl « On souffle dans ton dos », afin d’aider d’autres enfants porteurs de handicaps à pouvoir vivre l’inclusion scolaire.
Comment votre asbl favorise-t-elle l’inclusion scolaire ?
L’association met en place des accompagnements individuels au sein des écoles ordinaires. Concrètement, une personne accompagne un enfant au sein de sa classe et devient un soutien pour l’enfant et pour l’enseignant. Il y a un gros challenge de collaboration afin de rendre chaque projet cohérent et adapté à l’environnement et aux besoins de l’enfant. A ce jour, l’asbl compte une soixantaine de personnes bénévoles qui accompagnent une soixantaine d’enfants en situation de handicaps un peu partout en Belgique.
Avez-vous de futurs projets d’inclusion scolaire ?
Nous avons le projet de créer une petite école résolument inclusive, à taille familiale (école maternelle, primaire et secondaire). Cette école accueillerait des enfants « ordinaires » et des enfants porteurs de handicaps. Les enseignants utiliseraient les pédagogies nouvelles (dites « actives ») et seraient formés à des méthodes reconnues pour encadrer tout enfant à besoins spécifiques.
Quels sont les bénéfices de l’inclusion scolaire ?
Je crois sincèrement que l’intégration des enfants porteurs de handicaps en école ordinaire est bénéfique pour tous. Ces enfants sont tirés vers le haut. Leur inclusion dans la classe apporte un esprit de tolérance et d’empathie. C’est aussi un atout pour les enseignants qui sont encouragés à évaluer et à adapter leurs méthodes d’apprentissage aux besoins de chaque enfant.
Comment Lisette vit-elle son inclusion en école ordinaire ?
Côtoyer des enfants « ordinaires » l’aide à comprendre le monde qui l’entoure, les comportements qui sont adaptés et ceux qui ne le sont pas. Elle nous étonne de jour en jour. Elle entre dans la lecture, a un vocabulaire extrêmement riche, adore les mathématiques. Elle est très curieuse du monde qui l’entoure et s’intéresse à beaucoup de choses. L’école inclusive joue un grand rôle dans tout cela, j’en suis convaincue !
Son inclusion en école ordinaire est une vraie richesse pour toutes les personnes qui évoluent à ses côtés. Ses enseignants me le disent chaque année. Son innocence et sa fraîcheur sont une bouffée d’air frais dans le quotidien (dixit son enseignante de cette année). Lisette apporte un climat de bienveillance et de tolérance dans la classe. Les enfants développent un sens de l’entraide par eux-mêmes, l’enseignant ne doit même pas l’imposer !
Selon vous, qu’est-ce qui doit être mis en place pour que l’école soit réellement inclusive ?
Dans le système actuel, ce qui pose problème pour l’inclusion d’enfants porteurs de handicaps, c’est le manque de moyens. Une institutrice qui a 25 enfants dans sa classe, dont 1 voire 2 (ou plus) en situation de handicap, ne pourra évidemment pas encadrer seule chacun des enfants de sa classe. C’est humainement impossible !
Ce qui est aussi primordial, c’est d’adapter l’environnement aux enfants, et non d’espérer que les enfants s’adaptent au système. Les objectifs scolaires devraient pouvoir être adaptés à chaque enfant individuellement, et évoluer au rythme propre à chacun. Cela nécessite évidemment de modifier les méthodes d’apprentissage.
Participez à notre campagne “ThatsWhatILearned” (“Voilà ce que j’ai appris”) sur l’éducation inclusive.
Qu’avez-vous appris à l’école, dans votre famille, dans la vie? Dites-le nous!